Autisme : Comment apprendre à demander ?

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Travailler la demande avec un enfant atteint d’autisme

La demande est une unité fonctionnelle du langage qui en comporte 7.

Elle est la première à émerger dans le développement normal de l’enfant et sera donc, l’une des premières compétences de communication à mettre en place chez un enfant atteint d’autisme.

  1.   La demande a plusieurs fonctions :
    • L’obtention d’une chose tangible, d’une action
    • L’obtention de l’attention d’une personne
    • Le retrait de quelque chose ou de quelqu’un
    • L’obtention d’aide
    • l’obtention d’informations :  « ou », « qui », « quand », « comment », « pourquoi » , « qu’est ce que c’est »
  2. La demande a plusieurs formes :
    • Forme non vocale, comme le pointage, le regard, le gestuel, l’imagé
    • Forme vocale: mot ou ébauche de mot, association de 1,2,3 mots, phrase construite
  3. La demande doit être fonctionnelle et spontanée

    Les unités fonctionnelles du langage – explication en image :

I.  Recommandations :

Cibler et m’assurer de la motivation de l’enfant :

  • Avant de  mettre en place un programme A.B.A (Analyse Appliquée du comportement) pour enseigner la demande, il est important de cibler et de s’assurer des choses motivantes pour l’enfant. On appelle ces choses des renforçateurs. Ces renforçateurs seront d’une grande utilité dans l’apprentissage du langage.   En effet plus le renforçateur sera bien sélectionné, plus l’enfant sera motivé à l’obtenir et moins il aura de difficulté à acquérir un système de communication adapté (oral, signes, images).
  • Procédure: Placez vous à une distance acceptable de l’enfant tout en restant dans son champ de vision. Utilisez l’objet ou l’activité de façon enthousiaste en le manipulant et en parlant à haute voix de cette objet ou activité. Observez le comportement de l’enfant si par exemple il le regarde, si il s’approche, si il tend la main vers l’objet, vous pourrez juger de son intérêt pour l’objet en question.
    En savoir plus sur le renforcement en ABA….

Choisir le renforçateur adapté et suffisamment motivant :

  • Assurez vous que la motivation de votre enfant soit régulière et forte pour le renforçateur.
  • Assurer vous que le renforçateur lui soit déjà familier, par ex: l’enfant le répète en échoïque, ou l’enfant le rencontre régulièrement dans son environnement.
  • Choisissez un renforçateur facile à prononcer.
  • Les renforçateurs dits « consommable » permettent plus d’essais et sont moins aversifs. Ils doivent être donnés petit peu par petit peu.
  • Assurer vous de pouvoir donner ou récupérer facilement le renforçateur lors des apprentissages.
  • Varier vos renforçateurs en les choisissant parmi différentes catégories (jeux, nourriture, activité etc…)
  • Attention: La motivation pour un renforçateur ne doit pas être « envahissante » car vous risqueriez de provoquer des frustrations et voir des comportements dits « problèmes » apparaître.

Attention à vos comportements :

  • Attention à certaines demandes du type « Encore », « S’il te plait », « Merci » car si elles sont apprises en début de programme, elles peuvent se substituer rapidement à une demande plus complète du type « je veux une pomme »ce qui empèchera l’enfant de développer d’autres demandes. L’enfant utilisera systématiquement « Encore » plutôt que « je veux … ».
  • Attention également à ne pas trop anticiper les besoins de l’enfant car cela freinera fortement l’émergence d’une communication. En effet le fait d’anticiper tous leurs besoins, pour aller plus vite ou tout simplement pour les aider de façon spontanée, n’aidera pas l’enfant à communiquer.
  • Attention: n’utilisez pas de phrase interrogative du type « tu veux le ballon ? »  mais uniquement le nom précis de l’objet ou l’activité : « ballon », « puzzle »… puis « Qu’est ce que tu veux ? »

De plus, de nombreux troubles du comportement peuvent se développer chez les enfants avec autisme car ils n’ont pas appris à demander de façon adaptée ce qu’ils veulent, ou ne veulent pas.

L’apprentissage d’un système de communication adapté influera donc fortement et positivement sur les comportements dit « problèmes »

De nombreuses incitations à communiquer existent pour inciter la demande.

Parmi celles ci voici quelques exemples :

  • Dites à l’enfant qu’il peut aller dehors, mais laisser le porte fermé à clé.
  • Sortir sont jeu préféré en dissimulant des pièces essentielles et lui dire «on joue »
  • Se positionner dans son champ de vision et sans rien lui dire, jouer avec son jouet préféré ou jouer à son activité préférée.
  • De la même manière se positionner dans son champ de vision et sans rien lui dire boire ou manger quelque chose qu’il affectionne
  • Si l’enfant réclame un aliment, lui donner seulement un petit morceau de façon à renouveler sa demande plusieurs fois.
  • Dans une activité quelle qu’elle soit, oubliez de sortir un élément essentiel à l’accomplissement de l’activité : Si l’enfant aime dessiner, lui sortir les feuilles et dissimuler les feutres, sortir les moules mais pas la pâte à modeler etc…

II.  Enseigner La demande à un enfant « verbal » :

  • Utiliser un objet ou une activité désirés par l’enfant en ayant vérifié au préalable sa motivation pour cet objet ou cette activité.
  • Procédure :

    Placer cet objet ou activité hors de sa portée, dans votre main par exemple. Montrer l’objet ou l’activité, Dire le  nom de l’objet ou de l’activité, trois fois avec des intervalles d’une seconde à chaque fois sur un ton fort et affirmatif.

    – Si l’enfant imite le mot, ou procure des efforts prononcés pour dire le mot, il convient de lui donner immédiatement l’objet ou l’activité qu’il affectionne.

    – Si l’enfant n’imite pas le mot demandé au bout de quelques secondes, il aura un accès limité ou partiel à l’objet ou l’activité qu’il affectionne.

Exemple de procédure :

  1.  Les premières séances : présence de l’objet « l’avion »,  de la guidance physique « le pointage » et de la guidance verbale « avion »
    • l’adulte montre l’avion à l’enfant,
    • l’enfant montre sa motivation (en s’approchant de l’adulte)
    • L’adulte dit « avion « , pointe l’avion  et laisse une seconde
    • L’adulte dit « avion » , pointe l’avion et laisse une seconde
    • L’adulte dit « avion » et pointe l’avion
    • L’enfant accède immédiatement à son avion
  2. Quelques séances plus tard : présence de l’objet « l’avion », de la guidance verbale « avion », disparition de la guidance physique « pointage »
    • l’adulte montre l’avion  à l’enfant,
    • l’enfant montre sa motivation (en courant autours de l’adulte)
    • L’adulte dit «avion » et laisse une seconde
    • L’adulte dit « avion » et laisse une seconde
    • L’adulte dit « avion »

    Si l’enfant répète « avion » avant la fin de la procédure, ou fait des efforts pour répéter le mot demandé  l’adulte lui donnera immédiatement son avion.

    Si l’enfant ne répète pas « avion » on peut par exemple le faire patienter quelques instants avant de le lui donner ou lui autoriser de jouer avec son avion sur un temps limité (pensez au time timer, accéder à notre article « comment arrêter une activité »).

  3. Quelques séances plus tard : présence de l’objet « l’avion », estompage de la guidance verbale « qu’est ce que tu veux » et disparition de la guidance physique.
    • L’adulte montre « l’avion » à l’enfant
    • L’enfant montre sa motivation (en fixant son regard sur l’avion »
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux? Av  » laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux? A  » laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux?

Estomper vos guidances au fur et à mesure de vos séances. Estomper d’abord les guidances physiques, puis celles verbales, puis celles visuelles (présence de l’objet ou de l’activité désirée).

Remplacer également progressivement, les renforçateur tangibles par des renforçateurs sociaux, puis estomper aussi les renforçateurs sociaux.
ex: « la toupie » sera remplacée par un « Bravo » à chaque réussite, puis toute les deux réussite puis toutes les cinq réussites etc…

Au bout de quelques séances si l’imitation vocale n’intervient pas, il conviendra d’adopter un moyen alternatif tel que les signes ou les images.

Transfert de l’echoïque vers la demande

De l’echoïque vers la demande :

Lorsque l’enfant répète immédiatement et régulièrement le nom de plusieurs objets ou activité, il convient de supprimer la guidance echoïque pour renforcer la demande et non l’imitation vocale du mot.

Exemple de stratégie de transfert :

  1. Les premières séances :
    • l’adulte montre l’avion à l’enfant,
    • l’enfant montre sa motivation (en tendant la main vers l’objet)
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » attend trois secondes »
    • L’enfant accède immédiatement à son avion
  2. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre l’avion à l’enfant,
    • l’enfant montre sa motivation (en regardant l’objet)
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse trois seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse trois secondes
    • L’enfant répond « avion » ou fait des efforts pour répéter le mot demandé  il accède immédiatement à son avion sans attendre la fin de la procédure.
  3. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre l’ avion à l’enfant,
    • l’enfant montre sa motivation (en courant autours de l’adulte par exemple)
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 3 seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 5 secondes
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 5 secondes
    • L’enfant répond « avion » ou fait des efforts pour répéter le mot demandé  il accède immédiatement à son avion.

Progressivement augmentez votre attente de la réponse jusqu’à arriver à la question de l’adulte « Qu’est ce que tu veux ? » réponse de l’enfant « avion »

III.  Technique d’enseignement de la demande avec un enfant « non verbal » :

Enseigner la demande avec des signes :

  • S’assurer de la motivation de l’enfant pour le renforçateur (il regarde, il s’approche, il tend la main).
  • Coupler le mot oral avec le mot signé et l’objet désiré par l’enfant : par exemple : dire « bulle », montrer le flacon de bulle et faire le geste « bulle »
  • Procédure: Placer cet objet ou activité hors de sa porté, dans votre main par exemple. Dire le mot de l’objet désiré et faire le signe trois fois avec des intervalles d’une seconde à chaque fois en montrant l’objet désiré. Si l’enfant fait le signe, lui donner immédiatement l’objet désiré sur une durée prolongée. Si l’enfant n’imite pas le signe, ne lui donner que partiellement l’objet désiré ou le lui donner sur une durée plus courte.

Exemple de procédure :

  1. Les premières séances :
    • l’adulte montre les feutres et les feuilles à l’enfant pour s’assurer de sa motivation à vouloir dessiner,
    • l’enfant aime dessiner et montre sa motivation (en s’approchant de son bureau),
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre.
    • L’enfant accède immédiatement à son activité de dessin
  2. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre les feutres et les feuilles à l’enfant pour s’assurer de sa motivation à vouloir dessiner,
    • l’enfant aime dessiner et montre sa motivation (en s’approchant de son bureau par exemple),
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « feutre » et fait le signe feutre.

Si l’enfant n’imite pas le signe « feutre », l’adulte lui donnera le feutre  mais ne le laissera dessiner que quelques secondes et reprendra la procédure.
Si l’enfant imite le signe « feutre », l’adulte lui donnera le feutre et le laissera dessiner plus longuement.

Au bout de quelques séances si l’imitation motrice n’intervient pas, il conviendra d’adopter un autre moyen alternatif tel que les images.
Attention: n’utilisez pas de phrase interrogative du type « tu veux le ballon ? »… mais uniquement le nom précis de l’objet ou l’activité : « ballon », « puzzle »…

  Lorsque l’imitation du signe est immédiate et régulière au travers de plusieurs objets ou activités, il convient de remplacer le mot oral par la question « qu’est ce que tu veux ? »

Exemples :

  1. Les premières séances :
    • l’adulte montre le feutre, dit « qu’est ce que tu veux ?  » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « qu’est ce que tu veux ?  » et fait le signe feutre, il laisse 1 seconde
    • l’adulte montre le feutre, dit « qu’est ce que tu veux ? » et fait le signe feutre.
    • L’enfant fait le signe feutre et accède immédiatement à l’objet
  2. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre le feutre à l’enfant et dit « Qu’est ce que tu veux ?, et fait le signe feutre» laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » et fait le signe feutre, laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 3 secondes
    • L’enfant fait le signe « feutre » , il accède immédiatement à son activité de dessin.
  3. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre le feutre à l’enfant et dit « Qu’est ce que tu veux ?, et fait le signe feutre» laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? »  laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 3 secondes
    • L’enfant fait le signe « feutre » :   il accède immédiatement à son activité de dessin.
  4. Quelques séances plus tard :
    • l’adulte montre le feutre à l’enfant et dit « Qu’est ce que tu veux ?» laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? »  laisse une seconde
    • L’adulte dit « Qu’est ce que tu veux ? » laisse 3 secondes
    • L’enfant fait le signe « feutre » , il accède immédiatement à son activité de dessin.

l’utilisation de guidance est possible puis estompée au fur et à mesure de l’apprentissage, jusqu’à arriver à la question de l’adulte « Qu’est ce que tu veux ? » réponse de l’enfant le signe « feutre ».
De la même manière que ci dessus l’accès à l’activité « dessiner » est dosée selon l’implication de l’enfant.

Pour vous aider à apprendre le langage des signes : ABC…LSF dictionnaire visuel bilingue

Enseigner la demande avec des images:

La méthode PECS (Picture exchange communication system) permet de suppléer ou d’augmenter la communication.
L’enfant dispose d’images qui lui permettent de montrer à l’adulte ce qu’il souhaite.
En présentant l’image de l’objet ou de l’activité souhaitée à l’adulte, l’enfant accède à ce qu’il demande.
La méthode PECS implique différentes étapes :

  1. l’étape de l’échange physique pour initier l’ interaction: l’enfant apprend à prendre en main l’image ou la représentation de l’objet de son choix, à se diriger vers son instructeur et à déposer l’image dans la main de son instructeur.
  2. l’enfant apprend à se diriger de lui-même vers son tableau ou livret de communication, à en retirer l’image désirée, à venir chercher l’adulte pour lui remettre l’image ou la représentation de l’objet: c’est l’étape d’apprentissage de la spontanéité.
  3. l’étape de discrimination : l’enfant apprend à distinguer les images et à sélectionner celle qui correspond à l’objet désiré. Il élargit son vocabulaire.
  4. l’étape de l’Apprentissage de la structure d’une phrase: l’enfant apprend à faire une phrase structurée pour formuler sa demande, à demander des objets (présents ou absents de son champ de vision) par l’utilisation du pictogramme « Je veux »
  5. l’étape de la demande autonome: l’enfant apprend à répondre à la question « Qu’est-ce que tu veux ? »
  6. l’enfant apprend à faire des commentaires en réponse à des sollicitation ou de manière spontanés.

Découvrir la méthode PECS…

Les unités fonctionnelles du langage en image….
Comment enseigner les autres unités fonctionnelles du langage ? :

TACT = Nommer
IMITATION =  Copier des mouvements moteur
RECEPTIF = Montrer
ECHO = Répéter
TEXTUEL ET TRANSCRIPTION = Lire et/ou écrire
INTRAVERBAL = Parler de l’objet en son absence

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